* 23 mai 2024 – récital de piano avec Antonin Vinour (par Henri et Emmanuelle Vigne)

Concert d’Antonin VINOUR, pianiste

Le jeudi 23 mai 2024, au Goethe Institut de Lyon

Ce concert permet à Florence Martin, actuelle présidente de Paroles et Musique Lyon, de présenter l’Association.

« Comme vous le savez, ce concert termine la saison 2023-24 de Paroles et Musique Lyon, avec la participation du pianiste Antonin VINOUR. Nous sommes réunis ce soir au Goethe Institut, qui est un peu « notre maison », car nous nous retrouvons régulièrement dans ce loft depuis 10 ans.

Paroles et Musique est né en janvier 1995, soit près de 30 ans, sous l’impulsion de Valery Rogacev qui m’a demandé de faire jouer des étudiants du conservatoire supérieur, afin de rôder leurs programmes musicaux avant leurs examens.

Pendant plusieurs années enthousiasmantes (mais hélas sans internet !) l’association a fait intervenir de très nombreux musiciens, dans des lieux souvent insolites, alliant ainsi découvertes musicales et découvertes architecturales, puis l’aventure s’est mise en sommeil.

 Il a fallu l’envie de Françoise Gnéri, également professeure au CNSMD, pour que l’activité reprenne. C’était il y a 10 ans, en janvier 2014.

Lors de la dernière assemblée générale, en septembre dernier, nous avions annoncé que nous envisagions d’arrêter Paroles et Musique après le concert anniversaire des 10 ans, qui a eu lieu le 17 janvier dernier. En tant que Présidente, je souhaitais mettre fin à mon mandat, et à cette époque, nous n’avions pas de perspectives de reprise.

Aujourd’hui je profite de ce dernier concert de la saison pour vous annoncer, non sans une certaine joie, qu’en septembre prochain le projet renaîtra une troisième fois !

Nous en sommes extrêmement heureux, notamment pour les jeunes instrumentistes en début de carrière, qui trouvent chez Paroles et Musique un tremplin professionnel.

 J’espère que nous aurons le plaisir de fêter ensemble l’élection de la future équipe lors de l’assemblée générale qui aura lieu le 29 septembre prochain.

Notez bien cette date, et venez nombreux, votre vote ou votre pouvoir seront d’une grande importance pour valider la reprise de Paroles et Musique ».

 

Puis Florence présente Geneviève Normand, candidate à sa succession en septembre 2024. « Adhérente depuis plusieurs années, Geneviève s’implique régulièrement dans l’aide apportée par Paroles et Musique aux jeunes musiciens. Pianiste brillante, elle apporte également chaque été son concours artistique au festival de piano de Vars (Hautes-Alpes) ».

A son tour Geneviève Normand prend brièvement la parole : « Je suis très heureuse de reprendre le flambeau de Paroles et Musique Lyon, et poursuivre la formidable action de Florence, dans le respect des artistes et de la musique ».

 

La transition avec le pianiste de ce soir, Antonin Vinour, est naturelle.

En effet, Antonin Vinour a pu se produire au Festival de Musique de Vars en août 2023, à l’invitation de Geneviève Normand. Il avait déjà exprimé son intérêt pour les activités de PML dès 2022.

En avant-concert, Antonin Vinour a accepté de répondre à quelques questions de Paroles et Musique Lyon. En effet, nous nous sommes intéressés à la biographie succincte présentée dans le programme du concert, et nous avons obtenu quelques éclaircissements sur quelques mots-clés qui ne nous étaient pas familiers : ainsi :

Antonin Vinour a participé au Festival des Garrotxes…

D’après Antonin Vinour, un ensemble de petits villages près de Perpignan…

Et complété par Wikipédia :

Les Garrotxes [ɡaʁɔtʃ] sont une petite région naturelle située dans la partie orientale des Pyrénées, dans le département français des Pyrénées-Orientales. Faisant partie du Conflent, les Garrotxes sont constituées des cinq communes de Caudiès-de-ConflentSansaRailleuAyguatébia-TalauOreilla, ainsi que d’une part de la commune d’Olette.

En catalan, une garrotxa (pluriel : garrotxes) est une terre dure, rugueuse, ingrate1. Ce toponyme est partagé avec la Garrotxacomarque espagnole toute proche, et dans une moindre mesure par les Aspres (aspres signifiant rugueux).

On apprend en surfant sur internet, que le 16 Août 2023 en l’Eglise d’Oreilla le Trio VINOUR : Antonin Vinour, piano, Siméon, trompette & Timothée, tuba a donné un récital Verdi, Glinka, Gershwin.

Durant le même festival, le saxophoniste Jérôme Laran présente à sa façon cette région un peu atypique : (https://jeromelaran.com/garrotxes/)

Quelques petits villages, qui comptent moins de 30 habitants, accueillent des concerts et on peut sentir, à chaque instant, la très grande générosité des gens qui vivent dans ces terres reculées.

Donc premier contact sympathique avec la famille Vinour.

ContinuonsFestival des familles… intéressant

Nous apprenons sur le site https://toussurscene.wixsite.com/concoursmusicfamille

Que la famille Vinour-Motta a obtenu un 3ème prix au festival des familles 2023, avec le Quatuor Vinour-Motta: piano, euphonium, saxophone et trompette !

Donc 4 enfants musiciens dans cette famille et nous en saurons plus en lisant

https://www.info-groupe.com/medias/vinour-20120909-16154.pdf

Qui commence ainsi :

« Jamais 3 sans 4 » : c’est l’histoire de 4 frères qui, de retour des îles où ils ont vécu 4 ans (à Raiatéa, en Polynésie), décident en septembre 2007 de hisser les voiles pour une nouvelle aventure : cap vers l’archipel musical. Leur port d’attache : le petit village de Tordères, dans les Aspres. Parmi nos moussaillons-musiciens, trois ont pour horizon la pratique professionnelle de la musique. »

Avant le début du concert Antonin Vinour nous précise que deux de ses frères sont actuellement étudiants au CNSMD de Paris, et lui-même l’a été au CNSMD de Lyon.

Entre l’environnement familial vraiment très propice et cette région des garrotxes vraiment inspirantes, le rideau de scène peut se lever sur le concertiste et son merveilleux piano de concert Blüthner.

/ 1 La Sonate pour piano no 38 en fa majeur Hob. XVI.23, une des sonates pour piano de Haydn les plus jouées. Antonin Vinour fixe dès le départ le rythme très alerte imaginé par Haydn, dans la lignée des goûts personnels du musicien autrichien pour les musiques étincelantes, comme les fameuses sonates de Scarlatti.

Le second mouvement, plus recueilli et intime, introduit par une appogiature complexe, suscite une atmosphère rêveuse dans la salle, où l’on est séduit par cette musique interrogative et lente.

Quant au troisième mouvement, il reprend le dynamisme du premier.

Très belle interprétation d’Antonin Vinour.

/ 2 Les trois Klavierstücke de Schubert, terminés en 1928 chez son frère Ferdinand peu avant sa mort, sont relativement peu joués. Ils commencent par un rythme soutenu, et passent par des aspects sombres ou lumineux, selon l’habitude de Schubert.

La délicatesse et les émotions de Schubert bien comprises et exposées par Antonin Vinour.

Le second est un rondo.

Le troisième est très contrasté et bien rendu par Antonin Vinour.

/ 3 Brahms : transcription pour piano à la main gauche de la chaconne pour Violon de J. S.BACH.

Une œuvre surprenante par sa complexité : une seule main gauche et l’impression que trois mains jouent. Des variations d’une richesse fantastique où un chant profond se même à des arpèges imitant à merveille ceux si légers du violon ? Un exercice de mémoire compliqué d’après Antonin ! Car beaucoup de passages se ressemblent. Vingt minutes d’intense concentration dans les chemins escarpés d’une musique pas spécialement composée pour le piano, bien comprise et très appréciée de Brahms, et de nous tous,  auditeurs d’un soir.

4/ En surprise, une ancienne condisciple d’Antonin au CNSMD de Lyon, Yuki Ito, toute souriante, le rejoint et nous voici à quatre mains dans des danses hongroises de Brahms, pleines de charme et d’un rythme soutenu.. De vraies danses. Le public est conquis, et se réjouit d’une dernière œuvre de Piazzola, véritable feu d’artifice pour marquer et fêter la fin d’une saison et la transition vers de nouveaux horizons….

Ce concert se termine par un moment convivial qui rassemble la majorité des auditeurs autour des deux pianistes, de Florence Martin et de Geneviève Normand.

P.S. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer, comme nous l‘avons fait avant le concert lui-même, une lettre de Brahms à sa chère amie Clara Schumann

(citation disponible sur : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/propos-sur-bach/propos-sur-bach-de-johannes-brahms-1877-1779981 pos sur Bach de Johannes Brahms (1877)

Propos sur Bach de Johannes Brahms (1877)

Emission du 18 février 2018.

Tout au long de sa vie, Johannes Brahms (1833-1997) reste profondément attaché à l’art de Bach qui nourrit son œuvre instrumentale et vocale. Il participe à la première édition monumentale de ses œuvres et transcrit également la « Chaconne pour violon seul » au piano (main gauche) en 1877.

 « Chère Clara,

Je croirais volontiers aujourd’hui ne t’avoir rien envoyé d’aussi amusant depuis longtemps – si tes doigts tiennent le coup ! La Chaconne est pour moi l’un des plus merveilleux et inimaginables morceaux de musique qui existent. Sur un système et pour un petit instrument, Bach crée un monde plein de pensées profondes et de puissantes sensations. Si je m’imaginais avoir pu écrire cette œuvre ou simplement la commencer, je suis certain que l’énorme excitation et le choc m’auraient rendu fou.

Quand on n’a pas un grand violoniste à côté de soi, le plus beau est de la lire et de la faire sonner en esprit. Mais cette œuvre ne te laisse pas en paix et te pousse à en faire quelque chose. On ne désire pas toujours entendre la musique sonner simplement en l’air et, comme Joseph Joachim n’est pas là souvent, on essaie ceci ou cela. Mais quoi que je prenne, orchestre ou piano, mon plaisir en est gâché.

Je trouve qu’il n’y a qu’une seule façon de s’approcher du pur plaisir que donne cette œuvre, même si c’est de façon très diminuée : c’est quand je la joue avec la main gauche seule ! Une difficulté comparable, une science de la technique, les arpèges, tout contribue à me faire alors sentir comme un violoniste !

Essaie de la jouer : je ne l’ai couchée sur le papier que pour toi. Ne fatigue pas cependant ta main de façon excessive ! Comme cette pièce exige autant sur le plan du ton que de la puissance, joue-la d’abord mezza voce. Trouve-toi des doigtés pratiques et agréables. Si cela ne te fatigue pas trop, ce que je crois, tu devrais en tirer du plaisir. »

SOURCE : « Lettre de Johannes Brahms à Clara Schumann », Pörtschach juin 1877, dans Brahms par ses lettres, traduit de l’allemand, présenté et commenté par Christoph Looten, Actes Sud, 2017, p.210-211.

Henri et Emmanuelle Vigne, administrateurs